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déclaration gouvernementale
"Ne sous-estimez pas la colère et la souffrance qui irriguent ce pays aujourd’hui"
Le samedi 3 octobre 2020

Au lendemain de la déclaration gouvernementale du nouveau Premier ministre, Alexander De Croo, et à la veille du vote sur la confiance à la Vivaldi, c’était, ce vendredi 2 octobre, l’heure de la discussion parlementaire et des interventions des différents partis dans l’hémicycle du Parlement européen (mesures Covid obligent).

Pour DéFI, le député fédéral François De Smet, a rappelé en préambule l’importance de l’enjeu de cette législature : « Le pays dont vous dirigez l’action aujourd’hui est un pays en souffrance. Il souffre de six mois de bataille contre un adversaire invisible, insidieux, aux conséquences destructrices, et qui a profondément ébranlé notre pays, comme le monde entier, sur ses certitudes. Il souffre de ses 10.000 disparus, et autant de familles endeuillées; de personnes atteintes d’autres maladies dont le traitement ou la prévention se sont trouvés interrompus. Il souffre d’une crise économique qui fragilise durablement notre économie et qui ne fait hélas que commencer. Il souffre de 15 mois d’une crise politique indigne, dans laquelle la classe politique s’est durablement abîmée, préférant les jeux d’égo aux solutions de bon sens, préférant l’intérêt partisan avant l’intérêt général. Il souffre d’une crise interminable, protéiforme qui aura aussi attisé les rancoeurs et les nerfs. Nos citoyens sont en colère, perdus, déboussolés. Ce virus, et la crise économique qui a suivi, ont rendu nos citoyens les plus faibles encore plus faibles. Il a affaibli les classes moyennes. Il a révélé aussi la gravité de situations qui préexistaient, comme celle du personnel soignant, des métiers les plus précaires dits pourtant essentiels, ou des artistes. Notre pays va mal. Oui, il était temps qu’il se dote d’un gouvernement. Même imparfait. Nous l’avons déjà vu, il y aura deux oppositions: celle des extrêmes qui ne vous laisseront jamais rien passer, qui souhaitent vous voir échouer, et l’opposition démocratique, constructive, qui a envie que vous réussissiez. Et, il faut pouvoir le dire, il y a de bons éléments dans votre accord de gouvernement : le refinancement de la santé, de la justice, de la police, des renseignements, des allocations les plus basses. La fameuse pension à 1.500 euros, même si plus personne ne sait très bien si son montant est brut ou net, et si elle est à espérer avant ou après 2024. »

Même si l’accord de gouvernement comprend de bonnes choses, le président de DéFI pointe quelques faiblesses ou quelques reproches. Sur les thèmes suivants principalement.

Fiscalité : un cap incertain

« Le cap budgétaire et financier est flou et incertain. Notamment en ce qui concerne la grande réforme fiscale visant à rendre le système fiscal plus équitable. Si cette annonce peut recueillir un large consensus, ses contours sont très flous. L’on constate par exemple que la charge fiscale sur le travail sera réduite. Fort bien. Est-ce par l’augmentation de la quotité exonérée d’impôt au seuil de pauvreté, ou par le remaniement complet des tranches d’imposition ? A ce stade, mystère. »

Institutionnel : un détricotage des soins des santé ?

« Nous voulons saluer l’idée de préparer une réforme de l’Etat en lançant une large consultation avec la société civile, le monde académique et les citoyens. Nous trouvons l’idée d’autant meilleure que nous la défendions nous-même dans notre programme lors des dernières élections, alors dans une certaine solitude. Nous imaginions une réforme de l’Etat élaborée pour la première fois non plus sur l’identitaire des uns ou le besoin d’argent des autres, mais sur la raison et sur les besoins réels des citoyens. Si c’est bien de cela qu’il s’agit, d’un fédéralisme de coopération et de respect, d’un large débat démocratique recherche d’homogénéité des compétences et d’efficacité alors nous serons à vos côtés. Avec un important bémol : il faut aussi réellement évaluer les réformes de l’Etat précédentes, et singulièrement la dernière, la sixième, que presque tout le monde reconnaît comme un désastre. Et que tous les partis de la Vivaldi avaient voté, contrairement à DéFI. Derrière cette louable intention, permettez-moi cependant de m’attarder sur les soins de santé où je vois poindre un détricotage annoncé des compétences fédérales. La sécurité sociale chère à tous les Belges, nous dit l’accord, sera préservée et son financement rendu pérenne. Cela nous réjouit mais dans le même temps nous constatons  qu’on se propose de faire une large consultation pour réformer l’Etat, mais immédiatement après, on précise que ça ne vaut pas pour le monde de la santé, qu’on va directement diviser un peu plus. Au coeur de votre projet vous portez aussi une lourde menace : l’annonce de la révision de l’article 195, celui qui organise la procédure de révision. C’est la clé de voûte de notre loi fondamentale. Cela fait des années que les nationalistes flamands souhaitent le réviser, pour pouvoir faire de notre Constitution un bout de papier encore plus facilement malléable. »

Bruxelles : à quand une nuit aérienne ?

« Sur le survol aérien de Bruxelles et sa proche périphérie. Il est ainsi prévu que le gouvernement trouvera “une solution pour les nuisances sonores et pour l’insécurité juridique à laquelle l’aéroport de Bruxelles est confronté.” Le gouvernement déposera donc, sans qu’aucune date ne soit toutefois avancée, un projet de loi en ce sens. Le survol aérien cause aux habitants des communes concernées de nombreuses nuisances. Depuis près de 25 ans, il porte atteinte de manière illégale et disproportionnée aux droits fondamentaux, et principalement le droit à un environnement sain. Dans les termes actuels de l’accord du gouvernement, rien ne laisse supposer que sera enfin fixée la période dite « de nuit » à l’aéroport de 22h à 7h, permettant d’interdire les décollages et les atterrissages durant cette période. Notre groupe sera donc particulièrement vigilant dans ce dossier. »

Police : gare à une fusion des zones à Bruxelles

« Au niveau du fonctionnement de la police, il est question de revoir le système afin de favoriser la taille optimale des zones de police.  Encore une formule à tiroirs dont votre déclaration est hélas remplie, tiroirs dans lesquels chacun mettra ce qu’il veut. Jouons cartes sur table : nous savons tous qu’en filigrane se dessine une volonté de fusionner les zones de police à Bruxelles. Visiblement sans l’avis des Bruxellois, de leur Parlement, de leurs communes, de leur Conseil régional de sécurité. Et contre l’évidence de la plus-value d’une police de proximité pour une capitale comptant des réalités si différentes d’un quartier à l’autre. Pour rappel, les études menées ont montré que la fusion des zones de police à Bruxelles n’apporterait pas davantage d’efficacité : gardons- nous d’un débat politicien qui est purement irrationnel et qui ne sert pas les intérêts de la population en termes de droit à la sécurité publique. »

Migration : aucun progrès sur les régularisations

« Saluons un vrai progrès : la fin de l’enfermement des mineurs en centre fermé. C’est tout à l’honneur de ce gouvernement et c’est un point qui aurait été pour nous aussi, une condition ferme. Par contre, c’est la seule vraie bonne nouvelle. Le secteur était en attente de progrès sur la régularisation des sans papiers. Et il sera incontestablement déçu. On parle d’informer les demandeurs d’asile de manière transparente, de réorganiser de manière plus performante les services chargés de l’asile et de la migration, de garantir la sécurité juridique et d’améliorer la législation relative aux étrangers avec un nouveau code de la migration et asile. Mais, en termes de sécurité juridique pour les demandeurs, il faut que les décisions de l’Office des étrangers soient accessibles et motivées ! A défaut de “jurisprudence” en tant que telle, il faut une transparence totale pour les décisions de l’Office des étrangers. »

Les oubliés

« Il y a de nombreux oubliés. Je vois un oublié relatif, c’est le monde des artistes. Nous aurions aimé voir rassemblées toutes les compétences culturelles fédérales dans les mains d’un seul ministre. Je vois encore d’autres oublis. Les 500 femmes par an contraintes d’aller avorter aux Pays-Bas, qui prennent votre encommissionnement de la loi sur l’IVG comme une gifle. Une gifle qui ne sera pas rachetée simplement par la parité ou par un secrétariat à l’Égalité, car l’égalité ce sont des actes et non juste des fonctions. Le monde de la nuit et de l’événementiel, en mort clinique, et qui attendent votre soutien. Les soignants, à qui vous promettez des millions, mais que vous vous apprêtez encore une fois à réorganiser sans les consulter. Les indépendants et l’horeca, sur le fil depuis cette rentrée. Les sans-papiers, pour lesquels rien ne va changer. Ne sous-estimez pas la colère et la souffrance qui irriguent ce pays aujourd’hui !« 

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